Qu’as tu éprouvé la première fois que tu as porté le maillot de l’équipe de France ?
C’était à l’hôtel, on nous a remis notre « paquetage » et une fois dans ma chambre j’ai ouvert le sac, pris mon maillot et j’ai embrassé une à une les lettres du mot FRANCE.
Des amitiés et de solides relations naissent en Périgord, avec des athlètes « frères de fauteuil », comme Frédéric Périac qui partira avec lui aux JO de Sydney, ses deuxièmes JO après Atlanta. Ou encore Denis Dumonteil président de l’association « Périgord gagnant » qui le soutiendra dès ses débuts. La ville de St Astier, le Conseil général de la Dordogne figurent aussi parmi ses premiers soutiens.
« Sur une piste, il n’y a pas de différences. Tout le monde est d’égal à égal. D’ailleurs, il n’a pas de différences non plus entre une compétition de valides ou de non-valides. L’envie, le goût de l’effort, du dépassement de soi sont les mêmes. »
« La vie reste toujours un combat, un combat pacifique certes, mais un combat quand même. En permanence, tu dois t’interroger sur le sens que tu donnes à ta vie ». Un seul regret : l’handisport n’est pas encore suffisamment reconnu en France, contrairement à d’autres pays .
Ton titre de Champion du Monde marque t’il un tournant dans sa carrière ?
« Du jour au lendemain, tu es dans la lumière. Les médias te sollicitent beaucoup plus. »
Joël multiplie les trophées dans les différents marathons planétaires, au championnat d’Europe avec la consécration un soir d’août 2003, dans le déjà mythique stade de France.
Joël, tu as remporté trois médailles en athlétisme aux Jeux Paralympiques depuis ta première participation, en 1996. Quelle est celle dont tu es le plus fier ?
« Forcément, on a envie de dire que c’est la première médaille d’or, aux Jeux de Sydney. C’était une médaille avec le relais 4×400 m. Mais je suis assez content parce que j’en ai aussi obtenu une en individuel, sur le 10 000 mètres à Athènes. J’ai donc envie de répondre que c’est celle-là car c’est vraiment le résultat du travail de l’athlète. Par équipe, c’est bien, mais quand on est capable de démontrer également la vraie performance personnelle, c’est une fierté supplémentaire. »
Lors des Jeux Paralympiques d’Athènes, en 2004, tu étais le porte-drapeau de la délégation française. On imagine que cela a été une grande fierté, mais as tu du coup ressenti plus de pression sur toi pour tes compétitions lors de ces Jeux ?
« C’est sûr que c’est une grande fierté. En plus, j’étais à la fois porte-drapeau et capitaine, donc j’avais aussi un rôle auprès des autres athlètes : aller voir ceux qui sont dans la réussite comme ceux qui sont dans la déception. C’est vrai que c’est une activité à côté qui fait qu’on n’est pas à 100% dans sa préparation personnelle. Ca a peut-être joué sur quelques déceptions au niveau de certains de mes résultats. Mais je ne regrette pas dans la mesure où j’ai réussi à remporter une médaille d’or et une médaille d’argent et en même temps à vivre cette bonne expérience. J’espère juste que les athlètes aussi retiennent un bon souvenir de moi en tant que capitaine et porte-drapeau ! »
Tu as ensuite arrêté l’athlétisme pour te lancer dans le handbike. Avais-tu déjà pratiqué cette discipline auparavant ?
« Non, pas du tout. Mais bon, c’était un challenge ! J’avais déjà tout gagné en athlétisme. J’avais un peu l’impression de tourner en rond et je sentais ma motivation chuter : moins de concurrents, l’envie de faire autre chose… J’ai alors senti qu’il y avait une émulation du côté du handbike.
Ce qui me plaît aussi, c’est que j’ai rêvé de faire du vélo depuis tout petit, et ça correspond un peu à ce que j’ai toujours voulu faire. C’est pour cela que j’ai choisi cette discipline.
En 2007, je me lance dedans, et aux Championnats du monde de cette année, je remporte la médaille d’or et la médaille d’argent… Après mes titres de double champion de France en 2008, 2009 et 2010 (sur route et en contre-la-montre) de Champion du monde cette année en contre-la-montre, ça me conforte un peu dans mon objectif, qui est de réussir à Londres. »
Tu prépares les Jeux Paralympiques de Londres de 2012, quels y seront tes objectifs ?
« Je veux gagner la médaille d’or. Pas seulement sur la course en ligne : je veux essayer de remporter les deux médailles d’or. »
Quels sont les sports que tu aimes bien?
Les sports de combat en général car il y a un triple respect: Respect de l’adversaire, de l’arbitre et du public.
Quels conseils pourrais tu donner aux jeunes?
Qu’ils commencent à prendre le sport comme un jeu pour y prendre beaucoup de plaisir , que l’esprit de compétition ne vienne que très progressivement et qu’ils aient un comportement irréprochable .